Manon Cerdan est juriste, spécialiste du secteur sanitaire et social. Très tôt dans sa carrière, elle a souhaité rendre concret son engagement auprès des personnes âgées en choisissant pour toile de fond le droit comme base de sa pratique professionnelle.
Thérèse Clerc, militante féministe et fondatrice de la Maison des Babayagas, un centre autogéré pour femmes âgées, disait « tout engagement politique nait dans l’affectif ». Manon Cerdan, par son expérience personnelle, a dû se questionner très tôt sur la protection des personnes vulnérables : Qui nous protège lorsque nous devenons vulnérables ? Qui organise cette protection et comment ? Quels sont les garde-fous ? Comment rendre les droits effectifs même en situation de vulnérabilité ?
Durant son parcours, son besoin de comprendre le terrain lui a permis de « vivre l’EHPAD » à tous les niveaux hiérarchiques et de le comprendre, de l’organisation du service de petits-déjeuners, à la tournée des changes, en passant par l’animation d’une activité ou encore l’accueil des familles et ses complexités. Cette compréhension des rouages l’a incitée à poursuivre sa réflexion et à s’interroger particulièrement sur la notion de citoyenneté dans ce type d’établissement, ce qui a été le sujet de son mémoire intitulé « La capacité de faire respecter et d’exercer ses droits est-elle garantie pour les personnes vivant en EHPAD ? ».
Rapidement après, elle est devenue directrice d’un EHPAD. Cette expérience riche n’a fait qu’attiser encore davantage son questionnement autour de la citoyenneté et de cette notion de libre choix de son lieu de vie. Pour pouvoir avoir le choix de son lieu de vie, encore faut-il connaître les différentes solutions… Il ne s’agit pas uniquement d’énoncer un droit, mais aussi d’en questionner toujours la possibilité d’exercice.
Cette recherche de solutions alternatives d’hébergement l’a mené à s’intéresser à l’accueil familial. Ce dispositif tient en son sein quelque chose de résolument différent des autres solutions proposées et permet, par son existence même, une effectivité de ce droit à choisir son lieu de vie en proposant autre chose que la vie en collectivité comme seule réponse à la perte d’autonomie.
Consciente de la richesse de ce dispositif, elle a rejoint CetteFamille début 2018. Au travers de ses missions, notamment la mise en place de partenariats forts avec des associations telles que France Alzheimer ou France Parkinson, ou encore la gestion de l’organisme de formation professionnelle des accueillants familiaux, elle concrétise son engagement en communiquant autour d’une certaine conception de la vieillesse en ne résumant jamais les personnes âgées à des personnes vulnérables mais en les replaçant toujours en leur qualité de citoyens, sujets de droits et de devoirs .
Elle apporte au Comité éthique son expertise juridique, nécessaire au cadrage de toute réflexion éthique. En véritable chef d’orchestre, elle insuffle la dynamique de groupe du Comité éthique afin que chacun, quelle que soit son expérience, puisse trouver sa place et partager ses savoirs.